Home 5 Vibrations communicantes 5 Ça bouillonne : One Health fait-elle bouger l’agroécologie ?

« Avec One Health, on ne peut plus diviser l’agriculture en silo. »

Nouvelles méthodes d'écoute Vibrations communicantes

Antoine Messean « Pour accompagner la transition en agriculture, il faut comprendre qui va gagner et qui va perdre. Il faut accompagner  »les perdants ». »

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L’approche « One Health – une seule santé » s’intéresse aux connexions entre la santé humaine, animale et environnementale dans une vision multidisciplinaire. Concernant la préservation de la santé végétale et de la biodiversité, l’agriculture possède le premier rôle. Cela fait 10 ans que la France a un projet de transition agroécologique, où en est-on aujourd’hui ? Antoine Messean, agronome, nous éclaire.

Antoine Messéan est agronome et a occupé des fonctions de recherche à l’Inrae jusqu’en 2022. Il a coordonné notamment des projets interdisciplinaires pour la conception de systèmes de culture plus durables. Ses recherches ont porté sur les freins et leviers à la transition agroécologique et les solutions pour l’accompagner.

L’agroécologie est une réponse au concept One Health en ce qui concerne le domaine du végétal. Selon Antoine Messéan, la définition de l’agroécologie est en constante évolution. Pour faire simple, elle repose sur le principe de la valorisation du potentiel des milieux (sols et couverts). Dans les champs, elle se traduit principalement par la diversification des cultures, en particulier le mélange des variétés de céréales/protéagineux et l’allongement des rotations. « Aujourd’hui, l’agroécologie est un levier majeur de durabilité qui peut améliorer les paramètres environnementaux (biodiversité, santé des sols) tout en améliorant la qualité nutritionnelle des productions et restant suffisamment compétitif », explique-t-il.

 

L’agroécologie, ce n’est pas un modèle de production mais un processus dynamique

En France, l’agroécologie est une notion souvent incomprise, considère-t-il. « Ce n’est pas un cahier des charges à respecter. Il s’agit de sortir du modèle prescriptif avec des « recettes toutes faites » pour se diriger vers un modèle adaptatif », explique-t-il. L’agroécologie n’est pas un nouveau système de production mais bien une transformation dynamique des systèmes actuels.

 

Des règles du jeu orientées vers une production massive

Pourquoi l’agroécologie fait-elle du surplace ? « Notre modèle actuel a favorisé les cultures dominantes et la sectorisation des zones d’élevage et de cultures. Nos filières sont organisées en silo et interagissent peu », regrette Antoine Messéan. Un agriculteur qui souhaite faire évoluer ses pratiques rencontre de nombreux freins : des variétés peu performantes, un conseiller hyper-spécialisé qui ne connait pas les cultures alternatives, un investissement de matériel à amortir…

Pour comprendre le monde agricole actuel, il faut parfois regarder dans le rétroviseur. La France a connu depuis plus de 60 ans une phase de modernisation agricole orientée vers la production à outrance et le secteur rencontre des difficultés à changer de logique face à des mécaniques technique, organisationnelles et institutionnelles bien ancrées.

 

Imaginer et projeter une autre réalité innovante

Les communicants du secteur agricole peuvent poser leurs pierres à l’édifice pour amorcer cette transition agricole. En commençant par changer de paradigme, « on ne peut pas amorcer une transition agroécologique sans raisonner changement de comportement de consommation », insiste l’ancien Président de l’Association Française d’Agronomie.

Ainsi, il est fondamental de communiquer sur les logiques des systèmes agricoles (sans les opposer) pour accompagner la prise de conscience. L’objectif est d’arrêter la binarisation de la pensée. Et pourquoi pas changer la logique en parlant d’impacts réels plutôt que de promesses de tel ou tel système alternatif ?

Pour finir, il faut bien garder en tête que la transition agricole s’intègre à la transition alimentaire et également de la santé. Antoine Messéan précise « Pour accompagner cette transition, il faut comprendre qui va gagner et qui va perdre. Les perdants sont les systèmes agricoles devant évoluer ou se convertir. Ils doivent être accompagnés, y compris sur le volet financier. »

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