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« One Heath, c’est une approche transdisciplinaire et multisectorielle qui vise à travailler sur l’interface entre la santé humaine, des animaux et des écosystèmes », explique Jean-Luc Angot, CGAAER

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Jean-Luc Angot est inspecteur général de santé publique vétérinaire et Président honoraire de l’Académie Vétérinaire de France.

© Jean-Luc Angot

Jean-Luc Angot, inspecteur général au ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, a piloté le livre blanc « 36 actions à mettre en place pour une politique française ambitieuse ».                   Il nous livre sans détours sa vision et l’évolution du concept One Health.

Quelle est votre vision générale sur le concept One Health ?

One Heath, c’est une approche transdisciplinaire et multisectorielle qui vise à travailler sur l’interface entre la santé humaine, la santé des animaux et la santé des écosystèmes.

Cette notion date de quelques années. Alors que j’étais en poste en tant que directeur général adjoint à l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OMSA), j’ai pu suivre la première crise « influenza aviaire » H5N1 en 2005. On pensait qu’elle serait la prochaine grande épidémie. Fort heureusement cela n’a pas été le cas, mais cela a permis de rapprocher l’OMSA de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et de la Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) qui se sont accordés pour collaborer sur la thématique « One Health », en identifiant 3 priorités : l’influenza aviaire, la lutte contre l’antibiorésistance et la rage. Ce programme intègre aujourd’hui celui des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).

Depuis 2015, je suis membre du Conseil Général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces Ruraux (CGAAER), une structure de conseil et d’audit rattachée au ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, où je préside la section « International, prospective, évaluation et société ». En 2020, année du COVID, j’ai également présidé l’Académie Vétérinaire de France, et à ce titre je me suis beaucoup investi sur le One Health. Cette notion n’est pas nouvelle, mais elle s’est renforcée avec la crise COVID.

 

Vous avez piloté la publication d’un livre blanc sur ce concept One Health. Est-ce qu’il a permis de faire changer les choses ?

Oui, notamment en matière de formation. Le gouvernement a créé un institut One Health pour former les décideurs publics et privés sur le sujet, en collaboration avec l’Ecole Nationale des Services Vétérinaires, l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique de Rennes et AgroParisTech. Ce n’est pas encore opérationnel, mais c’est en bonne voie. Il y aussi des projets de tronc commun entre les facultés de médecine et les écoles vétérinaires. Pour autant, on ne peut pas dire aujourd’hui que le livre blanc a été appliqué dans son intégralité.

 

Est-ce que One Heath a des difficultés pour se faire comprendre du grand public ? Comment améliorer les choses ?

Le grand public a du mal à se saisir de cette notion, nous ne sommes pas dans une société de prévention mais de traitement. C’est un concept facile à comprendre dans le milieu vétérinaire, alors que dans les milieux médicaux, ils n’y sont pas familiers. Heureusement, les choses évoluent largement suite à la crise COVID. Quant au grand public, nous devons faire preuve de pédagogie pour expliquer et faire connaître One Health.

 

N’est-ce pas finalement pour la santé animale que le lien avec la santé humaine est plus facile à concevoir ?

Oui, c’est vrai. 75 % des maladies infectieuses émergentes sont d’origine animale. Le réservoir de pathogènes est souvent animal, ce n’est pas forcément un réflexe de compréhension dans le monde médical.

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