Edito newsletter 7 : Pas de transition sans innovation !

Edito newsletter 7 : Pas de transition sans innovation !

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Pas de transition sans innovation !

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© agence Communicante – Papillote

Le SIAL est le carrefour mondial de l’innovation alimentaire. À Paris, du 17 au 21 octobre, la communauté food s’est donné rendez-vous : producteurs, entreprises, industriels, distributeurs, chefs et restaurateurs.

Forcément, Communicante a voulu mettre son grain de sel pour trouver des inspirations, être à l’écoute du marché et regarder comment transition rimait avec innovation. En lien avec la super team Papillote, agence de design spécialisée dans l’innovation alimentaire, nous avons arpenté les allées pour observer et repérer quelques thèmes inspirants :

Nature encapsulée : mix d’ingrédients bruts et naturels mis en forme

Retour à l’état brut : simplicité à l’honneur avec des matières naturelles et organiques

Tradition néo-rétro : retour au rétro, au plaisir gourmand d’antan

Kaléidoscope de sensations : couleurs, saveurs et textures audacieuses

Merci aux experts et journalistes pour leur regard sur ces planches d’inspiration :

Bonne lecture gourmande !

Véronique Spaletta et Caroline Chadal, directrices associées de l’agence Communicante

En résonance avec Emma Zrour, rédactrice en chef du média Maxi Cuisine

En résonance avec Emma Zrour, rédactrice en chef du média Maxi Cuisine

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Emma Zrour, rédactrice en chef du média Maxi Cuisine

Emma Zrour, rédactrice en chef du médias Maxi Cuisine

Retour aux sources, produits végétaux, visuels colorés et « instagrammables » : l’inflation a transformé les tendances alimentaires des consommateurs qui par temps de crise reviennent vers des produits simples, authentiques et esthétiques. Des tendances observables au SIAL 2024. Un regard porté par Emma Zrour, rédactrice en chef du média Maxi Cuisine.

L’inflation. Au-delà de son aspect économique, la crise inflationniste que connaît l’Europe depuis plusieurs années a influencé les habitudes de consommation alimentaires et avec elle la communication et le packaging des marques. Des tendances marquées et visibles au Salon international de l’agroalimentaire 2024 qu’observe Emma Zrour, rédactrice en chef du média Maxi Cuisine.

Quelles grandes tendances observez-vous dans l’alimentation en 2024 ?

Par temps de crise, les gens ont tendance à revenir aux fondamentaux. Avec l’augmentation des prix, le coût élevé de la viande et du poisson a provoqué un retour marqué vers une alimentation végétale et de produits plus ancrés vers le naturel. Une orientation que l’on retrouve aussi dans le développement d’emballages rappelant les codes de la pharmacopée ou des herboristes d’antan.

Les personnes s’orientent vers ce qu’elles connaissent. Nous assistons depuis plusieurs mois à un retour au « traditionnel » : des plats connus, simples et bons. Comme l’illustre le retour en force du flan ou le riz au lait comme produits à la mode. Cette tendance se retrouve davantage en région qu’en métropole où le pouvoir d’achat et les habitudes de vie mettent en lumière d’autres besoins, comme un accent plus prononcé sur la couleur.

Quelle communication visuelle des marques ?  

Pour attirer le consommateur, les marques misent sur des produits visuels et colorés, avec des packagings très identifiables, presque cartoon pour certains. Une tendance influencée par les produits asiatiques qui gagnent chaque année en popularité, à l’image des fluffy pancakes, bubble tea ou autres mochas. En France, notre côté irréductibles gaulois se distingue avec des visuels « Franchouillards » qui attirent les moins de 30 ans par leur aspect coloré et original, et séduisent les plus âgés par un aspect néo-rétro voire vintage. En France, seul le chocolat français avait tenté cette orientation. Désormais, de nombreuses marques lui emboîtent le pas comme Le Comptoir de Mathilde. Ces communications plus visuelles trouvent d’autant plus de sens pour des consommateurs en quête de produits simples, qualitatifs et beaux. Cette tendance se renforce par cette recherche d’esthétisme « instagrammable » .  

Quelles tendances sont amenées à croître dans les années à venir ? 

Deux tendances vont s’ancrer et se développer. Tout d’abord, l’aspect végétal. Avec le développement de la conscience environnementale les consommateurs désirent consommer de manière plus responsable et durable, et les produits répondent à ces besoins grâce à une utilisation plus prononcée de plantes dans leurs compositions et à une imagerie associée qui va continuer à gagner du terrain. À terme, même les huiles essentielles, très utilisées dans les produits de bien-être, devraient également trouver leur place dans les cuisines.

Ensuite, ce sont les tendances venues d’Asie qui vont croître. Que ce soit pour les produits eux-mêmes que pour l’imagerie utilisée très esthétique, répondant à un besoin de beauté et de photogénie. À l’inverse, l’aspect sauvage et brut, bien qu’il reste une tendance, va se maintenir mais en ciblant des consommateurs spécifiques. Idem pour le « Feel Good  » qui va continuer, notamment à travers les réseaux sociaux, mais qui évoluera et changera de forme.

Ça bouillonne : les (nouvelles) méthodes d’écoute

Ça bouillonne : les (nouvelles) méthodes d’écoute

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Décryptage : observer ses cibles pour comprendre leurs attentes – trois méthodes passées au crible

Nouvelles méthodes d'écoute Vibrations communicantes

© Franco Antonio Giovanella – Unsplash

Il est plus facile de s’adresser à quelqu’un lorsque l’on a pris le temps de l’écouter en amont. La compréhension du consommateur ou de l’usager est une étape essentielle dans les projets d’innovation et de communication.

Dans un monde en constante évolution, où les besoins et les attentes des consommateurs changent rapidement, les entreprises sont friandes de nouvelles méthodes pour comprendre et anticiper les besoins de leurs clients. Mais les chiffres, les études et les sondages n’apportent qu’un éclairage limité car ils oublient l’humain et sa sensibilité. Il y a des choses qui ne se ressentent qu’au contact des individus. Chez Papillote, agence nantaise de design et d’innovation alimentaire, nous l’expérimentons régulièrement. Nous avons donc choisi de décrypter trois méthodes qui défendent cette approche. Leur point commun : intégrer l’utilisateur final très tôt dans le processus de réflexion et de création.

 

Le Living Lab : une approche 100% immersive

Okoni, agence parisienne d’innovation et de design, a employé la méthode du Living lab sur un projet de résidence seniors durant 10 jours. Cette méthode d’innovation consiste à installer le studio de création au sein même de l’espace concerné, auprès des usagers et des acteurs clés du sujet.

Parmi les nombreux avantages de cette démarche, Okoni insiste sur le fait qu’elle permet d’explorer au plus proche de la réalité, en allant plus vite et plus loin dans la perception des besoins. Implanter une équipe in situ “en mode commando” lui impose d’être 100% connectée au sujet en question, et donc plus efficace car moins sollicitée pour d’autres projets, réunions, mails…. L’équipe partage 24h/24 le vécu des usagers qu’elle côtoie, allant ainsi bien plus en profondeur qu’une approche déclarative.

En s’installant sur place pendant plusieurs jours, l’équipe finit même par faire partie du décor : “ Ils nous adoptent, ils ne nous voient plus comme des intrus, des voyeurs, ils apprennent à nous connaître et ils vont davantage se livrer ”, explique Brice Jehanno, co-fondateur de l’agence Okoni.

Cela permet aussi de capter une plus grande diversité de publics : “On peut toucher les gens qui n’auraient pas pu se déplacer pour un atelier dans nos bureaux, ou qui ne peuvent pas se libérer en journée car ils travaillent”, ajoute Brice Jehanno. Enfin, cela casse le séquençage parfois trop rigide des projets. S’affranchir des “cases” permet de se donner toutes les chances d’avoir de bonnes idées, puisqu’elles sont les bienvenues à tout moment. L’équipe est disponible en continu, cela donne à chacun l’opportunité de se livrer quand il est le plus à l’aise : “Comme c’est un peu brouillon et non ficelé, chacun peut s’exprimer plus librement. Ils ne se disent pas que tout est déjà figé, donc ça renforce leur envie de participer. Et nous, on fait évoluer notre regard au fil de l’exploration”, conclut Brice Jehanno.

 

Le restaurant d’essai : tester pour améliorer des solutions culinaires

Au cours du processus de création d’une nouvelle offre, il est intéressant et même nécessaire de mesurer son appréciation par la cible visée, afin de toujours coller à ses besoins spécifiques.

À Rennes, le Centre Culinaire Conseil dispose d’un espace dédié aux tests alimentaires en situation réelle d’utilisation ou de consommation. Dans le cas d’une offre prête à manger, les consommateurs viennent déjeuner au restaurant d’essai pour y déguster le produit et donner leur avis. Dans le cas d’une aide culinaire destinée à une cible professionnelle, le test se fait en deux temps. D’abord, en cuisine : les chefs sont amenés à manipuler le produit et à le cuisiner. Ensuite, le plat réalisé est présenté au consommateur final pour être dégusté. Cette méthode permet d’avoir une double réponse : celle de l’utilisateur professionnel qui jugera de la qualité d’usage du produit en cuisine (praticité, comportement, aptitude), puis celle du convive qui pourra donner son avis sur le produit mis en œuvre par le chef lors de son déjeuner.

Le test en situation réelle d’usage (en cuisine et en restaurant) permet d’avoir une réponse spontanée et sincère, plus affranchie du déclaratif de bienséance.

Le Centre Culinaire Conseil défend une approche sur-mesure en pratiquant une hybridation des méthodes de test afin de répondre aux objectifs souhaités et obtenir les résultats les plus fiables possibles : “Le déclaratif, à travers des questionnaires, c’est bien si l’on veut une note d’appréciation, un score. Quand on veut des impressions plus fines et des pistes d’optimisation, on se penche sur la verbalisation spontanée du testeur et sur l’observation de ses pratiques. Dans l’idéal, on essaye même de croiser les deux”, explique Marie-Loïc Garin, directrice opérationnelle du Centre Culinaire Conseil.

 

Notre parti-pris chez Papillote : visualiser pour communiquer

En tant que designers, nous avons une capacité, et même un réflexe, de formalisation, que nous mettons au service des projets. Nous avons appris à manier plusieurs outils (croquis au crayon, dessin assisté par ordinateur à l’aide de logiciels, tablette graphique, modélisation 3D, maquette volume, etc.) qui nous permettent de passer de l’idée au concret.

Nous y voyons trois principaux avantages :
Cela nous force à aller plus loin dans l’idée, puisqu’en se posant la question « à quoi ça ressemble ? », nous sommes obligées de mieux définir l’idée elle-même. Cela permet aussi de fédérer un groupe autour d’une même vision des choses en évitant les divergences d’interprétation de chacun. Dernier avantage : confronter l’idée à la réalité, en montrant un visuel pour tester l’adhésion spontanée et pour récolter des pistes d’amélioration.

C’est ce dernier point qui nous intéresse particulièrement ici, puisque c’est le moment de l’interaction avec l’usager final. Dans de nombreux projets, nous menons des tests d’idées ou de concepts, à différentes étapes et de manière itérative. Pour confronter ces concepts à leur cible, nous les rendons visuels en piochant dans la palette d’outils cités plus haut, en fonction de l’objectif visé et de la typologie de consommateur. Nous n’utilisons pas les mêmes médiums avec des chefs restaurateurs qu’avec des enfants. Cela demande une adaptation de la méthode et des supports.

Au besoin, nous pouvons même être amenées à faire évoluer l’idée en « live », à l’écoute de l’usager, toujours dans le but de s’aligner sur une représentation tangible de la solution idéale. Notre double implication, aussi bien dans la réflexion que dans la formalisation, permet d’éviter les déperditions d’informations et garantit la cohérence entre ce qui est capté chez les consommateurs et les propositions créatives qui y répondent.

 

Le 6e sens humain

Ces méthodes d’observation et de test apportent un éclairage riche. Elles fournissent un vrai apport de connaissances qui reste bien sûr à décrypter par une intelligence émotionnelle humaine, seule capable d’en capter les nuances et d’en tirer des conclusions. Il s’agit aussi de savoir piocher dans cette boîte à outils en les adaptant en fonction du projet et de l’objectif visé.

Au-delà de la théorie, ces méthodologies s’apprennent et s’ajustent par la pratique. Un savant équilibre entre technique et posture qui doit aussi laisser sa place à notre intuition, que l’on développe et qui s’affine avec le temps.

 

Edito newsletter #2

Edito newsletter #2

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Communiquer sur l’engagement des chefs : exit les paillettes !

Par Véronique Spaletta et Caroline Chadal © agence Communicante

Enrobage, jolie lumière, produit star, recette de pâtes aux 100 000 vues sur Tik Tok. Ça claque et tout s’emballe. Coup d’éclat ou utile valorisation ? Entre reportages terrain et photos en cuisine, certains chefs nous mettent l’eau à la bouche avec leur sourcing produits bien léché : greenwashing ou engagements réels ? C’est certain, la communication peut tomber dans la marmite de la sur-promesse, dans le bling-bling de la food et nous écarter de l’essentiel.

Mais quand elle est synonyme de mise en réseau, d’émulsion créative, qu’elle permet d’embarquer des acteurs à l’échelle d’un territoire, qu’elle révèle l’engagement d’un chef et en inspire d’autres, n’a-t-elle pas une noble place et un vrai rôle à jouer dans la transition ?

Guillaume Gomez, ex-Chef de l’Elysée et ambassadeur de la gastronomie française en témoigne dans notre grande interview :

« A un moment, on s’est rendu compte que les acteurs ne se parlaient pas ou peu, alors que c’est ensemble qu’il faut changer les choses ! »

C’est aussi tout le sens de la démarche de Laurence Goubet qui a créé l’association « Les Bouillonnantes » à Nantes. Elle explique, dans notre podcast, que chefs et agriculteurs ont d’abord besoin de communiquer entre eux pour agir et aller plus loin dans leur engagement envers l’alimentation responsable.

Révélée au grand public par l’émission Top Chef, Lucie Berthier milite aussi à notre micro en faveur d’un échange régulier entre restaurateurs, clients et acteurs d’autres secteurs pour s’emparer de la transition. Puis la mettre en mouvement.

Et si la communication permet également de valoriser et d’expliquer des démarches de production et de cuisine louables, le pari est gagné !

Raphaële Marchal, journaliste et chroniqueuse food, s’exprime sur ce point dans notre rubrique « ça bouillonne ». Pour elle, les communicants sont devenus de véritables acteurs de la transition qui ont une responsabilité, celle de rester fidèle aux valeurs d’un chef, d’un producteur, sans travestir la réalité.

On vous laisse dévorer ces témoignages succulents et plein de bon sens dans ce numéro 2 de Vibrations communicantes.

Et si vous aimez, on vous invite à liker et partager pour agrandir la tribu !

Véronique Spaletta et Caroline Chadal

Podcast Ondes immersives

Podcast Ondes immersives

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[PODCAST]
Gastronomie & transition : notre rencontre avec la cheffe Lucie Berthier et Laurence Goubet de l’association Les Bouillonnantes

© agence Communicante

Comment par l’assiette et la gastronomie, les chefs engagés éveillent-ils les consciences sur la transition alimentaire ? Comment font-ils rimer transition, communication et cuisine ?

Dans ce deuxième podcast, l’équipe de Vibrations communicantes vous embarque à Nantes dans l’univers du restaurant « Sepia », à la rencontre de la cheffe Lucie Berthier et sa brigade, ainsi que de Laurence Goubet, Fondatrice et Coordinatrice de l’association Les Bouillonnantes qui œuvre en faveur d’une alimentation responsable.

Regards croisés sur leurs perceptions, leurs ressentis et leurs expériences de la transition alimentaire, comme sur leur manière de communiquer auprès de leur public.

Au menu de ce podcast de 20 minutes : engagement, collectif et belles initiatives, de quoi vous donner l’eau à la bouche et agiter vos consciences !

Et si vous avez aimé, on vous invite à liker et partager pour agrandir la tribu !

En résonance avec

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Guillaume Gomez, ancien chef de l’Elysée « Si la gastronomie française était une équipe, sa capitaine serait l’agriculture »

Guillaume Gomez, ancien chef de l’Elysée

Par Victor Guilbert, Sarah Taleb et Caroline Chadal, agence Communicante – © Laurent Blevennec – Présidence

Guillaume Gomez, ancien chef de l’Elysée, a quitté ses fonctions en 2021 pour devenir le Représentant personnel du Président de la République auprès des acteurs et réseaux de la gastronomie et de l’alimentation. Il nous livre son analyse sans détour sur les grandes transitions alimentaires d’aujourd’hui et de demain.

Quel regard portez-vous sur la transition alimentaire depuis 20 ans ?

Mon rôle, en tant qu’ambassadeur de France pour la gastronomie, est d’accompagner cette transition alimentaire. Consommateurs et professionnels la réclament et la plébiscitent pour aller vers une alimentation plus engagée vis-à-vis de la société, la santé et l’environnement. Les chefs sont les premiers prescripteurs de cet accompagnement, ça passera évidemment par l’assiette et les tendances qu’ils pourront lancer en France comme à l’international.
Cela inclut tout l’écosystème alimentaire, de l’amont avec les semenciers, à l’aval avec les unités de méthanisation pour éviter le gaspillage.

 

Comment la transition se traduit-elle dans l’assiette ?

Commençons par nous poser les bonnes questions ! A chaque fois que je vais utiliser un produit, une technique, un mariage, une assiette, je me demande : est-ce que c’est bon pour moi ? Pour le producteur ? Pour l’environnement ? Si la réponse est « non » à une seule de ces questions, c’est que ça ne va pas dans le bon sens…

Il y a 30 ans, on ne parlait pas de saisonnalité ni de provenance, mais heureusement, ça a fini par évoluer. Aujourd’hui on parle circuit court, local, label, même si on a encore des progrès à faire. Tout cela se traduit par une assiette plus réfléchie et une technique qui est non seulement au service du goût mais aussi au service de la santé et de l’environnement.

 

Quel est votre regard sur notre alimentation ?

Il ne suffit pas de dire que nos agriculteurs sont les meilleurs du monde, les actes d’achat doivent suivre. Il y a quelques années, on pouvait dire qu’on ne savait pas. Qu’on ne connaissait pas suffisamment l’impact de nos achats. On achetait des tomates et des fruits hors saison, des produits qui venaient de l’autre bout de la planète sans trop se questionner. C’est comme fumer des clopes avec les gosses à l’arrière des bagnoles : dans les années 70, ça ne dérangeait personne.

Aujourd’hui on sait que ça a un effet ; et bien l’alimentation, c’est pareil. Quel est l’impact quand vous faîtes entrer dans vos assiettes des produits, selon les différents traitements qu’ils ont reçu, ou alors que vous utilisez certains produits interdits dans notre agriculture conventionnelle ? C’est forcément mauvais pour notre santé et on le paie aujourd’hui.
Quant aux importations, le but n’est pas de dire « ne buvons plus de café et ne mangeons plus de chocolat », le but c’est de dire que les importations ne doivent pas représenter 95 % de notre alimentation !

 

Quelles sont les actions que vous avez menées en tant que chef et représentant de la gastronomie française, en faveur de cette transition ?

Elles sont multiples. La première des choses est de convaincre, ensuite de rencontrer les acteurs qui souhaitent accompagner cette transition et de les aider à se mettre en contact. On s’est rendu compte que les acteurs ne se parlaient pas ou peu, alors que c’est collectivement qu’il faut changer le cours des choses. Aujourd’hui, le but n’est pas de discriminer un secteur et dire que c’est la faute de l’agroalimentaire, de la grande distribution, de la restauration collective ; saluons au contraire les engagements de tous pour avancer dans le bon sens.

Nous avons tous une responsabilité, y compris le consommateur final. Quand vous faîtes le choix de tel ou tel produit, cela a un impact sur votre santé, sur la santé de l’autre et sur l’environnement.

 

D’où vous vient cet engagement ?

Quand vous êtes cuisinier, c’est naturel. Forcément, vous êtes engagé quand vous aimez votre métier. Si je ne sais pas faire pousser une carotte ou élever un poulet, je m’intéresse à ceux qui les produisent et il faut les aider. On a un modèle alimentaire qui est l’un des meilleurs, voire le meilleur, mais il faut accompagner celles et ceux qui le font.
Le rôle de la communication est essentiel pour valoriser ces savoir-faire mais aussi pour contrer les fakes news sur l’alimentation. Dire qu’en faisant du muscle cellulaire en laboratoire, on agit en faveur de l’environnement et de la santé, c’est un mensonge !

 

Parmi tous les publics que vous avez rencontrés, quels sont ceux qui vous semblent être les plus réceptifs, les plus sensibles à ces engagements en faveur de la transition ?

Le plus réceptif est aussi le plus fragilisé : le monde agricole. On ne lui rend pas assez la place qui est la sienne dans notre système alimentaire. Il faut soutenir nos agriculteurs parce que nous, « chefs », sans ces produits, on ne peut pas faire notre métier.

Je le dis souvent : si la gastronomie française était une équipe, sa capitaine serait l’agriculture.

 

En 2050, où va-t-on ?

J’espère qu’on aura réussi à mettre en place les grands chantiers vers cette transition agroécologique et agroalimentaire. La France a un devoir, c’est d’être le chef de file. Nous devons convaincre nos partenaires européens et le reste du monde d’aller vers cette transition agroécologique nécessaire. Pour mémoire, 50 % de ce qui est produit sur Terre n’est pas consommé, ce sont les chiffres de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) ! Remettons du bon sens dans nos actes d’achat et posons-nous les bonnes questions !

Propos recueillis par Victor Guilbert, Sarah Taleb et Caroline Chadal, agence Communicante